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Quand Wu Dawang qui cumulait les fonctions d'ordonnance et de cuisinier du colonel, son panier de légumes à la main, ouvrit la porte de la cuisine, ce fut comme si une bombe nucléaire avait explosé devant ses yeux. La pancarte sur laquelle était peint en gros caractères rouges le slogan Servir le peuple et qui, d'habitude, était posée sur la table de la salle à manger, trônait à présent sur la paillasse carrelée de la cuisine. »
Le déplacement de la pancarte signifiait simplement que Liu Lian, la femme du colonel, lui donnait un ordre, un ordre silencieux certes, mais qu'il devait exécuter à la lettre. En montant au premier étage de la maison à laquelle il a été affecté, le jeune homme comprend que son existence est sur le point de prendre un nouveau tournant : la mèche de l'amour est allumée. Deux mois durant, en l'absence du colonel, les amants ne vivent plus qu'au rythme de leur passion. Du jour où Wu Dawang brise par inadvertance une petite statue en plâtre de Mao, leur relation redouble de ferveur : c'est à qui se montrera le plus « contre-révolutionnaire » en détruisant le maximum d'objets liés au Grand Timonier, prouvant ainsi à l'autre la puissance de ses sentiments. Contre toute attente, le chaos redonne une incroyable vigueur à leurs ébats amoureux...

Iconoclaste et puissant, court roman de Yan Lianke piétine les tabous de l'armée, de la révolution et de la sexualité. Saisi et interdit en Chine dès sa publication, il offre un moment de littérature éblouissant.

Servir le peuple (Yan Lianke)

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